On parle beaucoup des charismes pendant la période de la Pentecôte. Peut-on les demander à l’Esprit Saint et que penser des assemblées charismatiques où des gens se mettent à chanter en langues, donner des paroles de connaissance, etc. ?
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Un charisme est une grâce particulière donné par Dieu pour le bien de l’Eglise. Depuis l’époque des apôtres, certaines personnes ont souhaité obtenir ces charismes, assimilés à des pouvoirs un peu magiques, afin de les utiliser pour leur bénéfice et leur intérêt personnels. Simon le Mage, par exemple, avait demandé à l’apôtre saint Pierre de lui donner le pouvoir d’imposer les mains, ce qu’il refusa bien sûr (d’où le nom de simonisme ou l’adjectif simoniaque pour désigner une personne qui cherche à s’enrichir en faisant commerce des biens spirituels).
Néanmoins, les charismes et les dons, puisqu’ils sont donnés par Dieu, sont bons en eux-mêmes. Toute la difficulté de la question est bien de discerner d’où vient tel ou tel charisme, car le démon peut aussi agir par des tromperies et des illusions.
Plusieurs critères ont été donnés dans l’Histoire de l’Eglise pour faire ce discernement :
- D’abord, c’est à l’évêque diocésain que revient ce jugement : si un groupe charismatique n’a pas l’aval de son évêque, n’y mettez pas les pieds ! Par son ordination, l’évêque reçoit ce don de discernement. Un charisme est toujours soumis à une instance de discernement (ordinaire du lieu, prêtre). Quelqu’un qui ne se soumet pas au discernement a déjà basculé dans le pouvoir occulte : son charisme ne vient donc pas de Dieu, et il n’est pas pour le bien de l’Eglise.
- Les charismes sont définis par saint Paul comme étant pour l’édification de toute la communauté, jamais pour la personne en elle-même (cf. Epitre aux Corinthiens) : il faut se méfier donc de ceux qui s’en servent pour leur intérêt personnel, pour s’en vanter, ou pour l’intérêt de leur groupe.
- De plus, un charisme authentique n’est jamais définitif : on peut être sollicité par Dieu, mais on n’est pas sûr d’être sollicité une seconde fois. Il ne faut donc pas fonder sa vie spirituelle sur ces grâces tout à fait particulières, et très exceptionnelles.
- Le Seigneur se soumet à l’acceptation de l’homme, qui peut refuser ce don (de la même manière qu’Il a demandé à la Vierge l’autorisation de faire d’elle la Mère de Son Fils). Si donc le pouvoir vient indépendamment de la volonté de la personne, et sans lui laisser le choix, il s’agit encore d’un pouvoir occulte : celui qui se met à parler une langue qu’il ne comprend pas, qui n’a pas de sens, ou qui l’envahit comme une intrusion doit au plus vite consulter un prêtre et revenir à une pratique religieuse commune : en particulier par les sacrements de la confession et de l’eucharistie !
- Un vrai charisme ne fait pas tirer gloire au sujet, il est même humiliant, car on n’est pas sûr de sa provenance tant que le discernement de l’autorité n’a pas été fait. Il faut appliquer ici les règles de discernement des esprits de Saint Ignace. Le bon esprit engendre l’humilité chez le sujet, pas l’orgueil. Le Padre Pio, par exemple, a eu des ennuis quand il a commencé à léviter durant sa messe. On lui a interdit de célébrer en public. Pourquoi, parce que l’Eglise sait que ces dons peuvent venir de Dieu comme de Satan. Personne n’est canonisé pour ses dons préternaturels, on l’est pour l’héroïcité de ses vertus. Donc on va vérifier comment le Padre Pio va réagir aux vexations qu’on lui fait subir. Si c’est avec orgueil, cela vient du démon. Si c’est avec humilité, comme dans le cas du Padre Pio, il s’agit d’un don de Dieu, prouvé par l’héroïcité de sa vertu d’humilité. Sainte Thérèse d’Avila, à qui il arrivait aussi de léviter, prie ses sœurs de s’asseoir sur ses talons pour l’en empêcher, et prie instamment le Seigneur de lui épargner ces manifestations.
- Saint Ignace ajoute, et cela est très important, que ces manifestations charismatiques rares peuvent être causées par l’esprit de Dieu, par l’esprit du Mal, mais que le plus souvent c’est le sujet lui-même qui se « fait des films », des illusions malsaines, qui recherche de façon désordonnée l’originalité…
Ainsi, il n’est pas recommandé de demander pour soi-même des charismes extraordinaires : ce sont des dons gratuits de Dieu, qu’il ne faut par réclamer. En revanche, il faut prier pour demander l’augmentation de la vie de la grâce en nous, et la fidélité à la foi et à la pratique de l’Eglise.
Pour terminer, une dernière remarque : les charismes véridiques doivent pousser à une augmentation de la foi, de la pratique religieuse, de la fréquentation des sacrements, et non pas, comme c’est souvent le cas quand le charisme ne vient pas de Dieu, à une relation dominant-dominé entre le charismatique et celui qui bénéficie de ses « lumières ».