Merci de bien vouloir m’éclairer sur ce passage de la Genèse, 6,1-2 (dans L’Ancien Testament illustré par Marc Chagall Editions du Chêne) :
« Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, les Fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent. »
Je ne comprends pas la différence entre Fils de Dieu et filles des hommes.
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Au début de la chrétienté, dans les premières versions de l’Ecriture, seuls les anges étaient assimilés aux « Fils de Dieu » comme on le voit dans certains passages du livre de Job et des psaumes. Aussi, plusieurs pères de l’Eglise, sans sourciller, ont cru que dans ce passage de la Genèse, les « Fils de Dieu » représentaient des anges qui s’étaient unis aux filles de la terre ! Le problème était d’autant plus confus que les descendants des Fils de Dieu et des filles des hommes étaient mauvais et corrompus, comme il est précisé deux versets plus loin, et cela jusqu’au verset 5. Comme on sait que c’est impossible vu que les anges, qu’ils soient bons ou mauvais, sont de toute manière de purs esprits, les commentateurs, depuis plus d’un siècle, expliquent le passage en question en accord avec la raison, la théologie et… l’Ecriture Elle-même ! Voici donc l’explication :
Les Fils de Dieu, ce sont ceux qui font la volonté de Dieu à l’image de Noé, de Sem, d’Abraham, de Moïse, du roi David, etc. , et des baptisés ! Car l’Ecriture traduit aussi « Fils de Dieu » par « Enfants de Dieu ». Par exemple, dans le Magnificat (Luc 1,54) où l’on parle d’Israël « puerum suum » (donc enfant de Dieu), ou bien dans le Benedictus (Cantique de Zacharie – Luc, chap. 1) au verset 76 : « Et Toi, petit enfant (il s’agit du Christ), Tu seras appelé prophète du Très-Haut », ou même encore dans le prologue de saint Jean (le dernier évangile de la messe) lorsqu’il dit que nous sommes « enfants de Dieu » (nous, les baptisés). On voit ce que signifie donc la filiation : c’est d’abord Israël, préfiguration du Messie, puis le Messie Lui-même (comme on le voit aussi par ailleurs), qui est Fils de Dieu par essence, enfin nous autres, les baptisés, par participation à la vie même de Dieu, reçue par la grâce au moment de notre baptême. Certains précisent que ces « Fils de Dieu » de Genèse 6,2 sont des descendants de Seth, (celui qui a remplacé Abel-le-Juste) et d’Hénoch, donc aussi des ancêtres de Noé.
Au contraire, les filles des hommes n’agissent pas en fonction de Dieu. Ces hommes dont elles descendent ne sont que « humains », des hommes sans Dieu. Seuls les plaisirs terrestres et les références humaines les intéressent. Comme l’indique non pas le verset suivant mais celui d’après, ce fut le cas des « géants », hommes grands (parfois très grands comme le révèle l’archéologie), puissants et forts, dans le genre de Nemrod, inventeurs des techniques et facilités humaines, des oppresseurs de l’humanité, qui ont apporté la corruption générale de la terre (Genèse Chap 6, versets 1 à 5) – et que l’on retrouve actuellement avec les partisans des « droits de l’homme » conçus contre les droits de Dieu, chez les partisans d’une démocratie idéaliste et exclusive, du marxisme, de l’ancien communisme, du mondialisme libéral, chez tous les destructeurs de l’ordre naturel, etc… A juste titre, on les désigne donc comme les descendants de Caïn, au sens charnel dans Genèse 6,2 et au sens spirituel en ce qui nous concerne, chez tous les ennemis de Dieu et de sa création.
A travers cette explication exégétique, c’est aussi un enseignement moral (parmi d’autres) que nous donne ici l’Ecriture : même quand on est fidèle (Fils de Dieu), il faut faire attention à celle qu’on épouse, et ne pas être seulement tenté par sa beauté extérieure, qui ne vaut que ce qu’elle vaut, comme l’indique le terme « filles des hommes ». C’est pour cette raison que plus tard dans l’histoire d’Israël, avec la loi mosaïque, il fut interdit d’épouser une fille qui ne soit issue du peuple d’Israël – à moins que celle-ci, comme Ruth envers Booz (au livre de Ruth), n’ait prouvé sa vertu et sa beauté intérieure, et ait fait allégeance à son mari et à travers lui à la loi de Dieu lui-même. Choisir une épouse ou un époux, c’est en effet transmettre à travers l’autre ses convictions, ses valeurs, sa foi, la loi divine, à sa descendance : avant les biens extérieurs, quels qu’ils soient, c’est d’abord l’unité de cœur, d’esprit et de foi qu’il faut rechercher dans celui avec qui l’on veut construire une famille !